La Cérémonie de Dégradation d’Alfred Dreyfus, le 13 janvier 1895
Description détaillée
Il s’agit d’une
illustration de la cérémonie de dégradation d’Alfred Dreyfus, publiée en couverture
du journal français Le Petit Journal, le 13 janvier
1895. La gravure montre Dreyfus debout dans une cour, en train d’être destitué
de ses décorations militaires devant des soldats au garde-à-vous. L’officier se
tenant devant Dreyfus brise en deux l’épée de ce dernier. Sous cette
illustration figurent les mots : « Le traître : dégradation d’Alfred
Dreyfus. »
Après être
comparu devant une cour martiale pour espionnage et trahison, l’officier juif
français Alfred Dreyfus fut condamné à la réclusion à perpétuité sur l’île du
Diable. Le 5 janvier 1895, avant son expulsion, des soldats, des
personnalités officielles, des journalistes et d’autres invités, se rassemblèrent
dans la cour de l’École militaire pour assister à la cérémonie
publique de dégradation. Dreyfus se fit arracher ses insignes militaires,
et son épée fut brisée en deux. Massée devant les portes, une foule en
colère hurla : « Mort aux Juifs ! » Dreyfus proclama son
innocence, et levant les bras au ciel, il s’écria : « Innocent ! Innocent
! Vive la France ! »
Après cette
cérémonie humiliante, Dreyfus fut détenu en isolement cellulaire, puis
transféré à la prison de l’île de Ré, avant d’être finalement déporté
vers l’île du Diable. Ce n’est que quatre ans plus tard qu’il fut rapatrié
en France pour un nouveau procès, et fut acquitté officiellement en 1906.
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L’affaire Dreyfus - Alfred Dreyfus est né en 1859 dans une famille juive, en Alsace, dans l’est de la France. Après avoir rejoint l’armée française, il fut promu au grade de capitaine du corps d’artillerie en 1889. En 1894, la section du contre-espionnage de l’armée française prit connaissance d’informations confidentielles transmises à l’armée allemande. Les soupçons se portèrent rapidement sur Dreyfus. Il fut arrêté en octobre 1894 et reconnu coupable de trahison par une cour martiale secrète. Dreyfus fut destitué de son rang et de ses décorations militaires devant une foule de spectateurs enthousiastes, lors d’une « cérémonie de dégradation ». Il fut exilé vers Devil’s Island, une colonie pénitentiaire au large des côtes d’Amérique du Sud. Tout au long de son procès, Dreyfus clama son innocence et, lors de la cérémonie de dégradation, il s’écria : « Je jure que je suis innocent ! Je reste digne de servir dans l’armée. Longue vie à la France ! Longue vie à l’armée ! » Les nombreux militants et intellectuels qui soutenaient Dreyfus étaient appelés les Dreyfusards. Le célèbre écrivain français Émile Zola publia dans un journal parisien une lettre ouverte intitulée « J’accuse », accusant le président et le gouvernement français d’antisémitisme et d’emprisonnement injustifié d’Alfred Dreyfus. Les antidreyfusards, au contraire, virent dans cette affaire une illustration de l’attitude anti-patriotique des Juifs. Selon eux, les origines alsaciennes de Dreyfus prouvaient son affiliation à l’Allemagne. (L’Alsace, à cette époque, était encore un territoire que se disputaient la France et l’Allemagne). Les mouvements de protestation finirent par aboutir, et en 1896, Alfred Dreyfus fut renvoyé en France et fit face à un second procès. Malgré les preuves présentées devant le tribunal, Dreyfus fut à nouveau reconnu coupable de trahison. L’opinion publique contraignit cependant le président Émile Loubet à le gracier, et en 1899, Dreyfus fut libéré de prison. Il resta néanmoins officiellement considéré comme un traître jusqu’à son acquittement complet en 1906.
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