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Herzl, Zola et Dreyfus


Description détaillée

Illustration provenant du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, à Paris. Deux personnages sont assis sur un canapé : à droite, Alfred Dreyfus, et à gauche, Émile Zola. Theodor Herzl est debout à droite du canapé, et tient un bloc-notes à la main.

Cette illustration n’est pas basée sur un fait réel, car il est peu probable que ces trois hommes se soient un jour trouvés dans une même pièce. Mais en les voyant ainsi représentés, l’on comprend que leurs existences étaient étroitement liées.

Alfred Dreyfus était un officier juif français, qui fut accusé à tort d’espionnage et de trahison. À la suite de sa condamnation, il fut déporté vers l’île du Diable pour y purger une peine de réclusion à perpétuité. L’affaire Dreyfus divisa l’opinion publique française ; ils furent beaucoup à approuver la condamnation de Dreyfus, tandis que d’autres se battirent pour prouver son innocence. Parmi les partisans de Dreyfus se trouvait le célèbre écrivain français Émile Zola. L’affaire Dreyfus fut un événement déterminant pour Theodor Herzl, au point que beaucoup considèrent que cet épisode l’incita à fonder le sionisme politique moderne.

Au moment de l’affaire Dreyfus, Herzl était correspondant à Paris pour le journal autrichien Neue Freie Presse. Pendant toute la période du procès, il fut témoin des manifestations antisémites menées contre Dreyfus et contre les Juifs de France. Persuadé de l’innocence de Dreyfus, il écrivit dans son journal en juin 1895 :    

"À Paris, comme je l’ai dit, j’ai acquis une attitude plus libre vis-à-vis de l’antisémitisme [...] J’ai surtout constaté qu’il était inutile et vain d’essayer de « combattre » l’antisémitisme."

Beaucoup pensent que l’affaire Dreyfus fut l’événement-clé qui convainquit Herzl que les Juifs devaient quitter l’Europe et créer leur propre État. L’écrivain juif autrichien Stefan Zweig écrivit à ce propos dans son livre Le Monde d’hier : 

"Théodore Herzl avait vécu à Paris une expérience qui avait bouleversé son âme, une de ces heures qui changent toute une existence […] Au moment de la dégradation de Dreyfus, la pensée de l’exil éternel de son peuple lui transperça la poitrine tel un coup de poignard […] Si nous souffrons d’être sans patrie, construisons donc notre propre patrie !"


Souhaitez-vous en savoir plus ?

L’affaire Dreyfus - Alfred Dreyfus naquit en 1859 dans une famille juive d’Alsace, dans l’est de la France. Il rejoignit l’armée française, et fut promu au grade de capitaine dans le corps d’artillerie en 1889. En 1894, la section de contre-espionnage de l’armée française apprit que des informations classées secrètes avaient été transmises à l’armée allemande. Les soupçons se portèrent rapidement sur Dreyfus qui fut arrêté en octobre 1894, et reconnu coupable de trahison devant une cour martiale secrète. Lors d’une « cérémonie de dégradation », Dreyfus fut destitué de son grade et de ses décorations militaires, devant une foule de spectateurs enthousiastes. Il fut ensuite déporté vers l’île du Diable, une colonie pénitentiaire située au large des côtes d’Amérique du Sud. Tout au long de son procès, Dreyfus clama son innocence, et lors de la cérémonie de dégradation, il s’écria : « Je jure que je suis innocent ! Je reste digne de servir dans l’armée ! Longue vie à la France ! Longue vie à l’armée ! » Les nombreux militants et intellectuels qui soutenaient Dreyfus furent appelés « les Dreyfusards ». Le célèbre écrivain français Émile Zola publia une lettre ouverte intitulée « J’accuse » dans un journal parisien, dans laquelle il accusa le président et le gouvernement français d’antisémitisme, en soulignant que l’emprisonnement d’Alfred Dreyfus était injustifié. Les anti-Dreyfusards, en revanche, virent dans cette affaire l’illustration de l’antipatriotisme des Juifs. Ils considéraient les origines alsaciennes de Dreyfus comme la preuve de son lien avec l’Allemagne. (À cette époque, l’Alsace était un territoire que se disputaient la France et l’Allemagne.) Les voix de protestations se firent finalement entendre, et en 1896, Alfred Dreyfus fut rapatrié en France pour être jugé par un second conseil de guerre. Or, malgré les preuves apportées devant le tribunal, Dreyfus fut à nouveau reconnu coupable de trahison. Cependant, l’opinion publique força le président Émile Loubet à gracier Dreyfus, et ce dernier fut libéré de prison en 1899. Néanmoins, Dreyfus resta officiellement considéré comme un traître, jusqu’à sa réhabilitation complète en 1906.   

Theodor Herzl - Theodor (Binyamin Ze'ev) Herzl (1860–1904) fut le visionnaire du sionisme moderne. Le sionisme était un mouvement politique ayant pour objectif de réinstaurer un État juif en Érets Israël. Né à Budapest, Herzl était journaliste et dramaturge. En 1894, il couvrit en France le procès du capitaine Alfred Dreyfus, et fut très affecté par les événements qui entourèrent cette affaire. Il fut témoin des manifestations antisémites, et vit les foules hurlant « Mort aux Juifs ! ». Cette situation le convainquit de la nécessité de créer un État juif. En 1896, Herzl publia un livre intitulé L’État des Juifs (Der Judenstaat), et l’année suivante, il convoqua le premier Congrès sioniste à Bâle, en Suisse, afin de poser les bases d’un État juif moderne et laïque. Il proposa que les Juifs du monde entier collectent des fonds pour l’État juif. Les délégués du premier Congrès sioniste adoptèrent le programme de Bâle, et déclarèrent : « Le sionisme aspire à établir en Palestine, pour le peuple juif, un foyer garanti par le droit public ». Herzl fut élu premier président de l’Organisation Sioniste Mondiale, cette dernière ayant été créée pour œuvrer en tant que force politique du peuple juif.  Entre 1897 et 1903, Herzl convoqua six congrès sionistes. En 1903, au sixième congrès sioniste, Herzl soumit le projet Ouganda. Il y proposait qu’un État juif temporaire soit créé en Ouganda, afin d’y accueillir les Juifs se trouvant en danger immédiat. Herzl eut beau préciser que le projet Ouganda ne remplaçait pas l’objectif de créer un État en Terre d’Israël, cette idée déclencha une vive polémique, et alla presque jusqu’à provoquer une scission au sein du mouvement sioniste. Après la mort de Herzl, le projet Ouganda fut officiellement rejeté en 1905, lors du septième Congrès sioniste. Herzl mourut en 1904 à Vienne, où il fut enterré. En 1949, il fut réinhumé au mont Herzl à Jérusalem.      

Émile Zola - Émile Zola (1840–1902) était un auteur et journaliste français. Zola devint célèbre dans le monde juif, lorsqu’il prit la défense de l’officier juif français Alfred Dreyfus. En 1894, Alfred Dreyfus fut accusé à tort de trahison. Traduit en cour martiale, il fut déclaré coupable, et condamné à la réclusion à perpétuité sur l’île du Diable, en Guyane française. Son arrestation et le procès qui suivit furent empreints d’antisémitisme, avec notamment la suppression de preuves de l’innocence de Dreyfus, et sa condamnation sur la foi d’une pièce restée secrète. Des journalistes comme Theodor Herzl et Émile Zola, furent scandalisés par l’affaire Dreyfus. Le 13 janvier 1898, Zola risqua sa carrière en publiant une lettre ouverte intitulée « J’accuse » en première page du quotidien français L’Aurore. Dans cette lettre, Zola accusa les instances militaires de fausser la justice en protégeant le véritable espion, et il appela le président français à rendre justice à Dreyfus. Dans une série d’articles ultérieurs, Zola prouva l’innocence de Dreyfus. Zola étant une personnalité célèbre et respectée en France, sa lettre marqua un véritable tournant dans l’affaire Dreyfus. Il fut néanmoins jugé pour diffamation, et condamné à un an de prison. Zola fuit la France pour éviter l’emprisonnement, et vécut pendant une brève période en Angleterre. En juin 1899, Zola retourna en France. Cette même année, Dreyfus fut gracié et remis en liberté, mais ne fut pas acquitté avant 1906. En 1902, Zola mourut en France dans des circonstances suspectes. En janvier 1998, le président français Jacques Chirac organisa une cérémonie pour le 100e anniversaire de la publication de « J’accuse ». À cette occasion, il déclara que le peuple français ne devait jamais oublier le courage de ce grand écrivain qui au nom de la vérité, risqua sa carrière et sa vie.


Suggestions pédagogiques

Les enseignants d’études juives ou d’histoire juive peuvent utiliser ce dessin pour illustrer un cours sur l’affaire Dreyfus, en se servant également des autres ressources fournies sur cette page. Ils peuvent également s’en servir dans un cours pourtant sur le mouvement sioniste et Theodor Herzl. Par ailleurs, l’analyse de cette illustration a tout à fait sa place, lorsque l’on évoque l’antisémitisme qui régnait en Europe à la fin du XIXe siècle, et qui poussa Herzl à fonder le mouvement sioniste.      


Éléments de Discussion

Observation

  • Qui sont les trois personnages de l'illustration ?


Lecture entre les lignes

  • Quel est le lien entre Émile Zola et Alfred Dreyfus, qui sont tous deux assis sur le canapé ?
  • Quel est le lien entre Alfred Dreyfus, et Theodor Herzl qui se tient debout à côté du canapé ?


Mise en perspective

  • Il s'agit probablement d'un dessin sorti de l'imagination de l'artiste, car il est peu probable que ces trois hommes se soient rencontrés un jour. 
  • Selon vous, pourquoi l'artiste a-t-il choisi de dessiner ces trois personnages ensemble ?
  • Au moment de l'affaire Dreyfus, Theodor Herzl écrivit :

« À Paris, comme je l'ai dit, j'ai acquis une attitude plus libre vis-à-vis de l'antisémitisme [...] J'ai surtout constaté qu'il était inutile et vain d'essayer de "combattre" l'antisémitisme. »

  • Expliquez les mots de Herzl. Quelle sa solution à l'antisémitisme ?
  • L'on dit que l'affaire Dreyfus constitua l'une des motivations de Herzl pour fonder le mouvement sioniste.
  • À votre avis, comment cette affaire a-t-elle influencé Herzl ?
  • Imaginez une conversation entre les trois personnages de cette illustration.


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