Cérémonie de Clôture du Chabbat, fin du XIXe siècle
Description détaillée
Cette carte
postale date de la fin du XIXe siècle, et représente une famille en train de
faire la Havdala, la cérémonie de clôture du Chabbat. Cette
famille se compose du grand-père assis sur une chaise, du père menant la prière,
ainsi que de la mère, ses deux filles et son fils réunis tout autour. Le
père tient une coupe de vin et une boîte d’épices. Quant au fils, il tient
la bougie allumée de la Havdala. Une bouteille de
vin et un livre de prières sont posés sur la table. Ce tableau représenté
sur la carte postale a été peint par l’artiste allemand Hermann
Junker.
D’après ce
que l’on voit de leur maison et de leurs vêtements, les membres de cette
famille semblent être des Juifs aisés. Leurs habits sont typiques du
XVIIIe et XIXe siècle : haut-de-chausses, longs manteaux, tricornes, et robes
élégantes. Le grand-père a des vêtements plus traditionnels, et porte
une kippa ; l’homme debout, quant à lui, est habillé de
façon plus moderne. La pièce est meublée de mobiliers en bois massif. L’on
y aperçoit des tableaux au mur, un miroir, et ce qui semble être un évier avec
un petit réservoir d’eau. Au plafond est suspendue une lampe de Chabbat,
également appelée Judenstern (l’étoile juive), que l’on trouvait traditionnellement
à cette époque dans les maisons juives d’Allemagne et d’Europe
centrale. Cette lampe comportait de petits récipients pour l’huile, une
mèche, et un petit godet pour recueillir l’huile.
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Chabbat - Chabbat est le nom juif désignant le samedi. Il
s’agit du jour de repos des Juifs. Selon la tradition juive, cette journée
commémore le septième et dernier jour de la création du monde par Dieu. Le
Chabbat commence juste avant le coucher du soleil le vendredi soir, et s’achève
à l’apparition de trois étoiles le samedi soir. Le Talmud consacre un Traité
entier aux lois du Chabbat, et énonce 39 sortes d’activités interdites ce
jour-là. Il s’agit notamment de l’usage de l’électricité, de l’écriture,
et d’autres actions considérées comme des formes de création. Le Chabbat
est en effet un jour consacré à la famille, à la communauté, à la prière et à la
réflexion. Traditionnellement, le Chabbat commence par l’allumage des
bougies. Puis l’on récite les bénédictions sur le vin (le Kiddouch) et
sur les deux pains de Chabbat (la ‘Hala), avant de déguster un repas de
fête. En l’honneur du Chabbat, l’on fait à la synagogue une prière
supplémentaire, le Moussaf, ainsi que la lecture de la portion
hebdomadaire de la Torah. La fin de Chabbat est marquée par
la cérémonie de la Havdala. En Israël, les Juifs
laïcs profitent également du Chabbat en dînant le vendredi soir avec
leur famille et leurs amis, et en passant du temps ensemble à la campagne
ou à la plage. La plupart des lieux de travail sont fermés ce jour-là.
La Havdala – La Havdala (séparation) est la
cérémonie qui sépare le Chabbat des autres jours de la semaine. Elle a
lieu le samedi soir, après l’apparition de trois étoiles dans le
ciel. Trois objets sont utilisés lors de cette cérémonie : une coupe de
vin, une boîte d’épices parfumées et une bougie à plusieurs mèches. La cérémonie
de la Havdala comporte des bénédictions liées à la notion
de séparation : séparation entre le Chabbat et les autres jours de la semaine, séparation
entre le peuple juif et le reste du monde, et séparation entre le jour et la
nuit. Des bénédictions sont également récitées sur le vin, sur les épices
parfumées et sur la bougie ; les participants respirent les épices parfumées
et lèvent les mains vers la bougie en pliant les doigts, afin de créer une
ombre. La Havdala marque la séparation entre le Chabbat, jour où
les gens s’abstiennent de créer, et le reste de la semaine. Cette ombre symbolise
en fait le premier acte de création de la nouvelle semaine. À la fin de
la cérémonie, l’on entonne souvent des chansons, notamment un chant
sur le prophète Élie qui annoncera la venue du Messie, puis les gens se
souhaitent une bonne semaine. La boîte à épices représente depuis
longtemps un objet de prédilection pour les artistes. Le Musée d’Israël
possède ainsi une grande collection de boîtes à épices de nombreux pays,
fabriqués au fil du temps.
Hermann Junker - Hermann Junker (1838-1899) était un peintre allemand
qui suivit les traces de son maître, Moritz Oppenheim. Junker s’est
efforcé de montrer que les Juifs allemands faisaient partie intégrante de la
société. Plutôt que de représenter la véritable vie des Juifs allemands de
l’époque, il a préféré dépeindre une version idéalisée et nostalgique du
judaïsme.
Les Juifs allemands aux XVIIIe et XIXe siècles - après plusieurs siècles d’oppression, de discrimination
et de pauvreté, la communauté juive allemande subit des changements
majeurs. L’Allemagne, ainsi que d’autres pays européens commencèrent à
adopter des idées libérales sur l’égalité religieuse et l’émancipation
civile. C’était également l’époque des Lumières, et de nombreux Juifs
allemands recevant une éducation laïque s’assimilèrent peu à peu à la société
allemande. La fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle marquèrent le passage
des Juifs vers la modernité, et bon nombre d’entre eux s’intégrèrent à l’élite
culturelle, scientifique et financière de l’Allemagne. Moses Mendelssohn
est l’exemple d’un intellectuel de l’époque des Lumières, qui souhaita introduire
la culture laïque dans la vie juive. Ces changements sociaux entraînèrent
également une transformation de l’identité et des pratiques des Juifs
allemands, comme l’illustre un célèbre dicton de cette époque : « Soyez un
homme à l’étranger, et un Juif dans votre tente ». En raison de ces changements, cette période vit à la fois
la création du judaïsme orthodoxe et la naissance du mouvement réformé en
Allemagne, mouvement visant à adapter le judaïsme traditionnel à l’époque moderne. Cette
période ne mit cependant pas fin aux émeutes contre les Juifs, comme en
témoignèrent les émeutes Hep Hep de 1819. Elle ne marqua pas non plus
la fin de la discrimination, notamment la législation fiscale contre les Juifs,
les limitations sévères concernant les mariages, les licenciements de la
fonction publique, la littérature et les prêches antisémites, etc. Cette
discrimination poussa de nombreux Juifs à émigrer, notamment aux
États-Unis.
Suggestions pédagogiques
Les
enseignants d’études juives peuvent utiliser cette carte postale,
lorsqu’ils enseignent la cérémonie de la Havdala.
Les enseignants
d’histoire juive peuvent utiliser cette ressource, lorsqu’ils évoquent
la communauté juive allemande aux XVIIIe et XIXe siècles.
Les
enseignants d’art peuvent utiliser cette illustration pour évoquer les artistes
juifs allemands du XIXe siècle, tels que Junker et Oppenheim.
Éléments de Discussion
Observation
- Quels objets voyez-vous sur l'illustration ?
- Décrivez les individus de l'illustration.
Quels vêtements portent-ils ?
Que font-ils ?
- Décrivez le mobilier de la pièce.
Lecture entre les lignes
- Ce tableau représente la cérémonie de la Havdala.
Qu'est-ce que Havdala ?
Quand la fait-on ?
Quelles bénédictions prononce-t-on ?
Quels objets utilise-t-on ?
- Cette illustration représente une famille juive allemande du XIXe siècle.
Quels sont les éléments de l'image qui le prouvent ?
- Après l'Émancipation, les artistes juifs allemands se servirent de leurs œuvres pour faire l'apologie de la famille juive.
À votre avis, l'artiste Hermann Junker a-t-il fait cela dans ce tableau ?
Si oui, de quelle manière ?
Mise en perspective
- Selon vous, cette peinture transmet-elle un message ? Si oui, lequel ?
- Avez-vous déjà participé à une cérémonie de Havdala ?
Des chansons ont-elles été chantées ?
Décrivez les objets rituels utilisés.
Quelle était l'ambiance de cette cérémonie ?
Lesquelles préférez-vous ? Expliquez votre choix.
Idées créatives
- Prenez une photo de la cérémonie de Havdala, et montrez-la à votre classe.
Toutes les familles font-elles la même cérémonie ?
- Organisez une cérémonie de Havdala.
Vérifiez sur Internet les différentes mélodies chantées lors de cette cérémonie.
Quelle mélodie choisirez-vous ?
- Fabriquez vos propres objets rituels.
Liens de la Bibliothèque Nationale d’Israël