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Le mariage d’Alfred Dreyfus, le 21 avril 1890


Description détaillée

Ces documents constituent l’invitation au mariage d’Alfred et de Lucie Dreyfus, ainsi que leur Ketouba (leur contrat de mariage). La Ketouba est écrite en hébreu et en français, et a pour en-tête: « Le Consistoire israélite de Paris (Le Consistoire Juif de Paris) ». Les témoins ont signé la Ketouba en hébreu, et Alfred Dreyfus, le marié, l’a signée en français. Sur la Ketouba, figurent les noms des futurs époux, la date du mariage (le 21 avril 1890), ainsi que les diverses clauses juridiques traditionnelles.

Le faire-part d’invitation au mariage est rédigé de la manière suivante: 

Monsieur Raphael Dreyfus a l’honneur de vous faire part du mariage de son fils Monsieur Alfred Dreyfus, capitaine d’artillerie, adjudant à L’École de Pyrotechnie de Bourges, avec Mademoiselle Lucie Hadamard. Vous êtes également conviés à la bénédiction nuptiale qui leur sera donnée le lundi 21 avril à 14 heures précises au Temple israélite, 44, rue de la Victoire à Paris. Mulhouse (Alsace)

L’on peut remarquer plusieurs détails dans cette invitation. Premièrement, ce faire-part n’a été envoyé que par le père d’Alfred Dreyfus. Sa mère, Jeannette, était décédée depuis quelques années. Il est également intéressant de noter à quel point est détaillée la carrière militaire d’Alfred. Si telle était la coutume dans les invitations de l’époque, l’on peut y voir aussi sans doute la fierté du père pour la réussite de son fils. Alfred avait beau ne pas être un Juif attaché à la tradition, il s’est néanmoins marié à la Grande Synagogue de Paris, rue de la Victoire. Comme on peut le voir sur la Ketouba, la cérémonie a été présidée par Zadoc Kahn, grand rabbin de France, qui devait plus tard défendre la liberté de Dreyfus. Enfin, l’invitation a été envoyée de Mulhouse, en Alsace. Après avoir quitté l’Alsace pendant la guerre franco-prussienne, les membres de la famille Dreyfus ont apparemment regagné leur région natale. Alfred, en revanche, est resté à Paris pour poursuivre sa carrière militaire.

Ces documents témoignent de la vie normale que menait Alfred Dreyfus avant le mois de septembre 1894, lorsqu’il fut accusé de trahison.  


Souhaitez-vous en savoir plus ?

L’affaire Dreyfus - Alfred Dreyfus est né en 1859 dans une famille juive, en Alsace, dans l’est de la France. Après avoir rejoint l’armée française, il fut promu au grade de capitaine du corps d’artillerie en 1889. En 1894, la section du contre-espionnage de l’armée française prit connaissance d’informations confidentielles transmises à l’armée allemande. Les soupçons se portèrent rapidement sur Dreyfus. Il fut arrêté en octobre 1894 et reconnu coupable de trahison par une cour martiale secrète. Dreyfus fut destitué de son rang et de ses décorations militaires devant une foule de spectateurs enthousiastes, lors d’une « cérémonie de dégradation ». Il fut exilé vers Devil’s Island, une colonie pénitentiaire au large des côtes d’Amérique du Sud. Tout au long de son procès, Dreyfus clama son innocence et, lors de la cérémonie de dégradation, il s’écria : « Je jure que je suis innocent ! Je reste digne de servir dans l’armée. Longue vie à la France ! Longue vie à l’armée ! » Les nombreux militants et intellectuels qui soutenaient Dreyfus étaient appelés les Dreyfusards. Le célèbre écrivain français Émile Zola publia dans un journal parisien une lettre ouverte intitulée « J’accuse », accusant le président et le gouvernement français d’antisémitisme et d’emprisonnement injustifié d’Alfred Dreyfus. Les antidreyfusards, au contraire, virent dans cette affaire une illustration de l’attitude anti-patriotique des Juifs. Selon eux, les origines alsaciennes de Dreyfus prouvaient son affiliation à l’Allemagne. (L’Alsace, à cette époque, était encore un territoire que se disputaient la France et l’Allemagne). Les mouvements de protestation finirent par aboutir, et en 1896, Alfred Dreyfus fut renvoyé en France et fit face à un second procès. Malgré les preuves présentées devant le tribunal, Dreyfus fut à nouveau reconnu coupable de trahison. L’opinion publique contraignit cependant le président Émile Loubet à le gracier, et en 1899, Dreyfus fut libéré de prison. Il resta néanmoins officiellement considéré comme un traître jusqu’à son acquittement complet en 1906.

La Ketouba   - La Ketouba est le contrat de mariage juif qui est considéré comme l’élément central de la cérémonie de mariage. Écrit en araméen, le texte de la Ketouba fut codifié au premier siècle de notre ère. Un traité entier du Talmud intitulé Ketoubot, est consacré au but du contrat de mariage, ainsi qu’aux obligations y figurant. La Ketouba décrit les droits et les responsabilités de l’époux envers sa conjointe : la somme d’argent qu’il doit payer, le contenu de la dot de son épouse, ainsi que le règlement en cas de divorce. Même si le texte est resté inchangé au fil des générations, les illustrations de la Ketouba sont très variées, et beaucoup sont écrites en calligraphie et enluminées. La Bibliothèque nationale d’Israël compte plus de 4200 Ketoubot dans ses collections. Elles proviennent de tous les pays du monde où les Juifs ont vécu, et certaines datent de plusieurs centaines d’années. 

L’Alsace -   L’Alsace, région d’origine de la famille Dreyfus, est située à l’est de la France. À l’ouest de cette région se trouve le Rhin qui sépare la France de l’Allemagne. L’histoire des Juifs d’Alsace est l’une des plus anciennes d’Europe ; elle remonte à environ 1000 ans. Bien que les Juifs d’Alsace aient souvent souffert de pogroms et de restrictions concernant leur vie économique et leur liberté de mouvement, il y a une présence juive dans la région depuis les premiers recensements de population. En 1870, la communauté juive était à son apogée et comptait 35 000 personnes. Après la défaite française lors de la guerre franco-prussienne en 1871, l’Allemagne annexa l’Alsace jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, date à laquelle, en vertu du traité de Versailles, la région fut réattribuée à la France. En 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Alsace fut à nouveau annexée à l’Allemagne, et beaucoup de ses Juifs furent déportés ou prirent la fuite en direction d’autres régions de la France et d’autres parties du monde. L’affaire Dreyfus eut lieu lors de l’annexion de l’Alsace à l’Allemagne. L’origine alsacienne d’Alfred Dreyfus est considérée comme l’une des raisons pour lesquelles il fut soupçonné d’espionnage allemand.


Suggestions pédagogiques

Ces documents montrent les débuts de la vie familiale des Dreyfus. La Ketouba et l’invitation de mariage peuvent être montrées aux élèves dans le cadre de cours d’Histoire Générale ou d’Études juives, lorsque vous enseignez l’Affaire Dreyfus. Ces documents peuvent également servir d’illustration de l’histoire des Juifs en France et en Europe au XIXe siècle.


Sujets de discussion

Observer

  • Quels sont ces documents ?
  • Qu'est-ce qu'une Ketouba ?
  • Décrivez la Ketouba de Dreyfus.  
  • Quel est le titre du document ?
  • Dans quelle langue est-il écrit ?
  • Qui l'a signé ?


Comprendre

  • Que pouvez-vous apprendre du fait que la Ketouba soit également écrite en français, et que Dreyfus l'ait signée en français ?

  • Lisez la traduction du faire-part de mariage.  

  • À votre avis, pourquoi seul le nom du père d'Alfred apparaît-il sur l'invitation ?

  • À votre avis, pourquoi Raphael Dreyfus a-t-il évoqué la carrière de son fils sur le faire-part de mariage ?

  • Où vivait Raphael Dreyfus lorsqu'il envoya le faire-part ?

  • Cherchez des informations sur les Juifs en Alsace.  

  • Rédigez une liste de cinq détails intéressants concernant cette communauté.  

Connecter

  • Pensez-vous que le fait qu'Alfred Dreyfus soit un Juif alsacien ait joué un rôle dans l'affaire Dreyfus ?
  • Le mariage d'Alfred et Lucie s'est déroulé à la Synagogue de La Victoire. Renseignez-vous sur cette synagogue, et comparez-la à une synagogue que vous connaissez.